sábado, abril 03, 2010

“El amor, el amor”, de Michel Houellebecq







En una sala porno, jubilados jadeantes
Contemplaban, escépticos,
Los brincos mal filmados de parejas lascivas;
Sin ningún argumento.

He aquí, yo me decía, el rostro del amor,
El auténtico rostro.
Seductores, algunos; esos siempre seducen,
Los otros sobrenadan.

El destino no existe ni la fidelidad,
Mera atracción de cuerpos.
Sin apego ninguno, sin ninguna piedad,
Juegan y se desgarran.

Seductores algunos, por ende, codiciados,
Llegarán al orgasmo.
Hartos ya, tantos otros, no tienen ni siquiera
Deseos que ocultar;

Sólo una soledad que acentúa el impúdico
Goce de las mujeres;
Tan sólo una certeza: "Eso no es para mí",
Pequeño drama obscuro.

Morirán, es seguro, algo desencantados,
Sin ilusiones líricas;
Practicarán a fondo el arte de despreciarse,
De modo bien mecánico.

A quienes nunca fueron amados me dirijo,
A quienes no gustaron;
A los ausentes todos del sexo liberado,
Del placer ordinario;

No temáis nada, amigos, mínima es vuestra pérdida:
No existe, no, el amor.
Es sólo un juego cruel cuyas víctimas sois;
Juego de especialistas.






en La poursuite du bonheur, 1992


Traducción: Carlos Cámara, Miguel Ángel Frontán












4 comentarios:

  1. Fantástico. Echo de menos texto original. Muchas gracias.

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  2. L'amour, l'amour



    Dans un ciné porno, des retraités poussifs
    Contemplaient, sans y croire,
    Les ébats mal filmés de deux couples lascifs ;
    Il n'y avait pas d'histoire.

    Et voilà, me disais-je, le visage de l'amour,
    L'authentique visage.
    Certains sont séduisants ; ils séduisent toujours,
    Et les autres surnagent.

    Il n'y a pas de destin ni de fidélité,
    Mais des corps qui s'attirent.
    Sans nul attachement et surtout sans pitié,
    On joue et on déchire.

    Certains sont séduisants et partant très aimés ;
    Ils connaîtront l'orgasme.
    Mais tant d'autres sont las et n'ont rien à cacher,
    Même plus de fantasmes ;

    Juste une solitude aggravée par la joie
    Impudique des femmes ;
    Juste une certitude : "Cela n'est pas pour moi",
    Un obscur petit drame.

    Ils mourront c'est certain un peu désabusés,
    Sans illusions lyriques ;
    Ils pratiqueront à fond l'art de se mépriser ;
    Ce sera mécanique.

    Je m'adresse à tous ceux qu'on n'a jamais aimés,
    Qui n'ont jamais su plaire ;
    Je m'adresse aux absents du sexe libéré,
    Du plaisir ordinaire.

    Ne craignez rien, amis, votre perte est minime :
    Nul part l'amour n'existe.
    C'est juste un jeu cruel dont vous êtes les victimes ;
    Un jeu de spécialistes.

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