martes, enero 07, 2014

"Estancia-Club", de Michel Houellebecq

© Versión de Juan Carlos Villavicencio
 



El poeta es aquel que se cubre con aceite
Antes de haber usado máscaras de supervivencia
Ayer por la tarde el mundo era dócil,
Una brisa soplaba sobre las radiantes palmeras

Y estaba yo a la vez en otra parte y en el espacio,
Conocía el Sur y las tres direcciones
En el empobrecido cielo se dibujaban huellas,
Imaginé a los ejecutivos sentados en sus aviones

Y los pelos de sus piernas, muy similares a las mías
Y sus valores morales, y sus amantes hindúes
El poeta es aquel que, casi como nosotros,
menea la cola en compañía de los perros.

Habría podido pasar tres años al borde de la piscina
Sin realmente distinguir el cuerpo de los veraneantes,
La agitación de los cuerpos atraviesa mi retina
Sin despertar en mí deseo vivo alguno.





en Le sense du combat, 1996









Séjour-club


Le poète est celui qui se recouvre d'huile / Avant d'avoir usé les masques de survie / Hier après-midi le monde était docile, / Une brise soufflait sur les palmiers ravis // Et j'étais à la fois ailleurs et dans l'espace, / Je connaissais le Sud et les trois directions / Dans le ciel appauvri se dessinaient des traces, / J'imaginais les cadres assis dans leurs avions // Et les poils de leurs jambes, très similaires aux miens / Et leurs valeur morales, et leurs maîtresses hindoues / Le poète est celui, presque semblable à nous, / Qui frétille de la queue en compagnie des chiens. // J'aurai passé trois ans au bord de la piscine / Sans vraiment distinguer le corps des estivants, / L'agitation des corps traverse ma rétine / Sans éveiller en moi aucun désir vivant. //










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